Agriculture et changements climatiques au Bénin : Risques climatiques, vulnérabilité et stratégies d’adaptation des populations rurales du département du Couffo
A l’instar des autres fléaux qui minent l’humanité (VIH-SIDA, Paludisme, crise financière…), les changements climatiques demeurent l'une des menaces les plus graves qui pèsent sur le développement durable. Au Bénin, la question des changements climatiques est plus que d’actualité au regard de toute la mobilisation dont elle fait l’objet (élaboration du PANA, organisation d’un dialogue sous régional sur les changements climatiques, création
d’un comité national sur les changements climatiques…).
La présente étude est une contribution à une meilleure appréhension de l’évolution du climat en relation avec l’agriculture (surtout qu’elle est essentiellement pluviale) dans le département du Couffo. Cette recherche a pour objectifs de faire le diagnostic climatique, d’évaluer la vulnérabilité des ménages et de faire ressortir les stratégies endogènes d’adaptation des populations rurales aux changements climatiques. Elle a été conduite dans les communes d’Aplahoué, Klouékanmè et Lalo et a porté sur 120 ménages agricoles. Par ailleurs, des données de terrain ont été complétées par les données climatiques de l’ASECNA
et les statistiques agricoles du MAEP.
Il ressort de cette étude qu’a l’échelle annuelle, on a observé une baisse des précipitations entre les normales 1941-1970 et 1971-2000, même si elle n’est pas
significative. A l’échelle mensuelle, les précipitations sont à la baisse sur l’ensemble des mois de l’année (de -5 à -37 %) sauf en juillet et août pendant lesquels on a observée une hausse de la période 1941-1970 à la période 1971-2000 (+5 % en moyenne). La petite saison sèche est devenue plus pluvieuse qu’avant (+4 %). La baisse des précipitations est importante en début de la grande saison de culture (mars, avril et mai) ; ce qui pourrait globalement signifier un début de saison caractérisé par un démarrage tardif des pluies (mois de mars plus sec) et une baisse pluviométrique (baisses en avril et mai plus important). Durant les trente dernières années, les besoins minima en eau des principales cultures vivrières ont été plus satisfaits en grande saison qu’en petite saison.
En ce qui concerne les températures, les valeurs sont significativement en hausse entre la normale 1941-1970 et la normale 1971-2000, autant pour les températures minimales (+0,2 à +0,5°C) que pour les températures maximales (+0,5 à +1,1°C). Ce qui témoigne de la nette tendance au réchauffement du climat avec des impacts potentiels sur les cultures pratiquées car les exigences thermométriques des spéculations agricoles sont en passe d’être surpassées.
La confrontation des ces tendances aux données d’enquête montre que les paysans ont une bonne perception de l’évolution du climat.
La combinaison de ces tendances aux phénomènes climatiques extrêmes (inondations) a des effets néfastes sur les activités agricoles. Au nombre de ces effets, on peut citer les baisses de rendements, les destructions des cultures, le bouleversement du calendrier agricole classique, la difficulté de remboursement des crédits agricoles. De manière indirecte, ces changements ont conduit à des cas de déscolarisation, de placement d’enfants et d’exode suite à des difficultés financières nées des pertes de culture.
Face à cette situation qui menace les moyens d’existence des ménages, les populations ne sont pas restées inactives. Des stratégies de gestion des risques et d’adaptation ont été prises. Au nombre de ces stratégies, on peut citer : la modification des pratiques de labour (exemple du billonnage dans les zones de dépression contre les inondations), le paillage du sol pour y conserver l’humidité, la sécurisation des revenus à travers la culture des essences pérennes (palmiers, orangers, bananiers), l’association des cultures avec un accent particulier sur le manioc, l’adoption des variétés de maïs à cycle court et le recours aux faiseurs de pluies pour une bonne saison.