Changements climatiques en zones nord-soudanienne et sub-sahélienne du Burkina Faso : comparaison entre savoirs paysans et connaissances scientifiques
La concordance entre les savoirs paysans sur les changements climatiques et les informations scientifiques peut contribuer à élaborer des stratégies d’adaptation durables. Une enquête, menée en zones agro climatiques nord-soudanienne et sub-sahélienne du Burkina Faso, a permis de relever 16 indicateurs locaux, et de mesurer leur cohérence par comparaison aux résultats d’analyse de 23 variables climatiques correspondantes. Les données d’enquête ont été soumises aux analyses fréquentielle et de variance, pour évaluer les différences de perception entre les zones agro climatiques. Les variables climatiques ont été soumises (i) à une analyse de variance, (ii) aux tests de Pettitt et de Hubert, (iii) à la méthode de Ati et al. et de Maikano, (iv) à l’indice de Nicholson pour déterminer les changements observés entre 1951-1980 et 1981-2010, et sur la période de référence 1951-2010. Il y a concordance entre savoirs scientifique et traditionnel lorsqu’ils ne donnent pas des informations contradictoires. Quatorze indicateurs de pluviométrie, quatre indicateurs de température et quatre indicateurs du vent ont été cités par les enquêtés. Le nombre des enquêtés ayant perçu les indicateurs locaux variait de 10 à 90% des interviewés et 22,7% des indicateurs ont montré des différences significatives (p < 0,05) de perception entre les zones agro climatiques. Entre 1951-1980 et 1981-2010, 18 des 23 variables climatiques analysées ont montré des changements significatifs (p < 0,05) en zone nord-soudanienne contre 10 en zone sub-sahélienne. Sur la période de référence, les variables climatiques ont indiqué 26 dates de ruptures en zone nord-soudanienne contre 21 en zone sub-sahélienne. Les saisons de pluies se sont rétrécies dans les deux zones. La fréquence des pluies de contresaison et la durée des poches de sécheresse en pleine saison pluvieuse n’ont pas montré de modification notable. L’évolution des indices de Nicholson conforte la dynamique des modifications trentenaires et des ruptures climatiques. Dans les deux zones agro climatiques, 56% des indicateurs locaux concordaient avec les tendances climatiques. L’intégration des deux types de connaissances par l’institutionnalisation de cadres de concertations et d’échanges réellement inclusifs et fonctionnels garantira la complémentarité entre les deux types de savoirs. Cette complémentarité permettra de faire des diagnostics climatiques inclusifs et partant d’élaborer des actions d’adaptation appropriées, consensuelles, durables.