Paludisme et interprétations sociales du changement climatique à l'ouest du Cameroun
Le changement climatique a été vulgarisé, au Cameroun, par les médias, à la suite du Sommet de la Terre tenu à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992. Dans le champ de la santé l’une des interrogations suscitées est celle relative à l’émergence de nouvelles pathologies ou encore l’impact de ce phénomène sur les maladies vectorielles telles que le paludisme. Cet article discute du savoir des populations de l’Ouest du Cameroun sur le changement climatique en relation avec la propagation du paludisme. En effet, la lutte contre le paludisme dans son volet préventif a été orientée vers l’élimination des facteurs environnementaux favorables au développement des anophèles femelles, vectrices de la maladie. Cette stratégie a permis de construire un savoir populaire qui allie environnement et transmission du paludisme. à partir de ce savoir déjà constitué, cette recherche effectuée dans l’Ouest du Cameroun se donne pour objectif d’analyser les savoirs populaires sur le changement climatique et ses effets sur les maladies vectorielles, en particulier le paludisme, première endémie nationale dont la morbidité est estimée à 36,03 % à l’échelon nationale
(PNLP, 2010). La méthodologie de cette étude repose sur les recherches archivistiques aux Archives Nationales
de Yaoundé au Cameroun et à l’Institut de Médecine Tropicale du Service de Santé des Armées en France, ainsi que des entretiens approfondis avec des usagers des structures de santé de Bafoussam entre 2005 et 2006 et effectués à Bafoussam en 2010 auprès des habitants de la ville. L’article part de l’hypothèse selon laquelle le savoir local sur le paludisme et le changement climatique est révélateur des discours et des pratiques de sensibilisation et de prévention du paludisme. Nous présentons d’abord le contexte et la méthodologie, ensuite un aperçu historique de la lutte contre le paludisme au Cameroun, et enfin les perceptions locales du changement climatique.
Climate change provides opportunities for scientists to
interact with the population as a whole. Through their
own experience and their life conditions the actors interpret
this scientific message on climate change. One of the
main domains of interest is health, particularly diseases
such as malaria that are usually linked with human ecology.
The paper discusses the ways the knowledge on climate
change is interpreted locally and put emphasize on
the people complains on climate change as a call for state’s
responsibility in the protection of its citizens especially
in the domain of health. The methodology is based on
archives research conducted at the centre of national
archives in Cameroon and the archives of Institute of
health of armies in France. Moreover, we use in-depth
interviews made with users of health centre during a
research project on malaria (2005-2006) and recent interviews
made in Bafoussam. The paper’s principal hypothesis
is that the local knowledge on malaria and climate change
is the result of discourses and practices of sensitization
and prevention of malaria. The paper addresses three
thematic areas: firstly context and methodology, secondly
a brief historical perspective of the fight against malaria
in Cameroon and thirdly the social interpretations of climate change.