Histoire et épistémologie des savoirs locaux et autochtones De la tradition à la mode
Nous tenterons ici une histoire anthropologique de la notion de « savoirs locaux », depuis les premiers écrits dans les années 1950 qui se sont intéressés aux savoirs botaniques ou zoologiques des peuples « traditionnels » jusqu’à l’explosion d’un intérêt pour ces savoirs qui réunit des acteurs aussi disparates que la Banque Mondiale, les ONG de conservation et de développement, les gouvernements, les gestionnaires de la biodiversité, sans oublier les principaux acteurs, peuples autochtones ou groupes spécialisés locaux.
En développant une histoire des différents réseaux qui ont participé à l’élaboration du concept de savoirs locaux, savoirs écologiques traditionnels ou autochtones, nous repérerons les précurseurs en les replaçant dans leur contexte heuristique. Nous nous intéresserons aussi aux tendances plus récentes, depuis l’inscription des savoirs locaux dans plusieurs conventions internationales, en particulier la Convention sur la diversité biologique. Nous examinerons enfin la portée épistémologique de l’avènement de savoirs « locaux » qui se confrontent ou se conjuguent avec les savoirs scientifiques et les savoirs « profanes ».
In this paper, we will attempt an anthropological history of the concept of “local knowledge”, from the first research dedicated to the botanical or zoological knowledge of “traditional” peoples carried out in the 50’s, to the outburst of interest on behalf of actors as disparate as the World Bank, conservation and development NGOs, governments, biodiversity managers, not to mention the main stakeholders, i.e. indigenous peoples and local specialised groups.
Through the history of different networks that contributed to developing the concept of local knowledge, traditional or indigenous ecological knowledge, we will highlight precursors and replace them in their heuristic context. We will also consider more recent trends, since the inclusion of traditional knowledge in several international conventions, particularly the Convention on Biodiversity. We will finally examine the epistemological impact of the combination of local knowledge and scientific and lay knowledge.